Léon XIV fait de l’attention aux pauvres une nécessité pour les catholiques. Face aux hérésies contemporaines, il durcit le ton : oublier ou mépriser les pauvres ne relève pas de la simple indifférence morale, mais d’une rupture avec l’Évangile.
Cette exhortation reprend un texte amorcé par le pape François avant sa mort, et consacré à la pauvreté. Léon XIV confirme les engagements de son prédécesseur, et pousse la cohérence jusqu’au bout : « la charité n’est pas une voie facultative, mais le critère du vrai culte » (§ 42). Le pape engage ici une relecture de ce que signifie être catholique.
Léon XIV ne signe pas un texte social de plus, il renverse une hiérarchie implicite : on ne peut plus dire « j’ai la foi donc je m’engage pour les pauvres ». C’est précisément l’inverse : la rencontre avec le Christ, but de toute vie chrétienne, a lieu en priorité dans la rencontre avec les pauvres. « Nous ne sommes pas dans le domaine de la bienfaisance, mais dans celui de la Révélation », insiste Léon XIV (§ 5). L’engagement pour les précaires, les migrants, les malades, les personnes âgées isolées, ceux qui vivent dans la rue, n’est pas une conséquence sociale de la foi : c’est la foi elle-même.
L’« option préférentielle pour les pauvres », expression souvent réduite à un courant ou une sensibilité dans l’Église, retrouve ici sa signification première, théologique : ce n’est pas une option humaine, c’est un choix de Dieu. C’est Lui qui les préfère. « Dieu montre en effet une prédilection pour les pauvres : c’est d’abord à eux que s’adresse la parole d’espérance et de libération du Seigneur… » (§ 21).
[texte paru dans La Croix le 9/10/2025, sous la plume de Mikael Corre]
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